Le modèle catéchuménal

R.I.C.A.

Parler du modèle catéchuménal, c’est s’intéresser à la façon dont les principes et les façons de faire que l’on met en oeuvre avec des adultes qui s’initient à la foi chrétienne (et qu’on appelle catéchumènes) peuvent s’appliquer à l’initiation chrétienne des autres personnes, c’est-à-dire de ceux et celles qui ont été baptisés AVANT l’âge adulte.

Il s’agit d’une transposition qui n’est pas simple, et qui ne doit surtout pas être simpliste!!!

Il faut d’abord comprendre ce qui est visé par une démarche catéchuménale, puis comment on s’y prend avec des catéchumènes, pourquoi on s’y prend ainsi et quels fruits ce processus produit.

L’arrimage entre la catéchèse et la liturgie pose un problème particulier, autant avec les jeunes qu’avec les adultes. Il faut s’attarder sérieusement à cette question…

 

 

Ci-dessous: un échange de correspondance RÉEL des derniers jours… ai-je eu raison ou tort de répondre de cette façon? Est-ce que mes propos sont clairs, compréhensibles? N’hésitez pas à commenter!

11 Responses to Le modèle catéchuménal

  1. Une grand-mère... dit :

    Bonjour,

    J’aimerais savoir s’il est possible que les parents ou la marraine d’un enfant lui donnent toutes les informations et la formation chrétienne afin qu’il ait accès à sa première communion et à sa confirmation?

    La documentation est-elle disponible?

    Doit-on défrayer des frais de dispense pour le faire soi-même?

    La manière dont je vois les choses est ainsi : L’enfant est formé par sa marraine avec la documentation et les instructions de l’Église, selon son propre rythme à lui, puis il passe une entrevue avec un prêtre catholique afin que ce dernier constate que l’enfant est bien prêt à recevoir les sacrements… Qu’en pensez-vous?

    Vous vous demandez peut-être la raison de cette demande spéciale, la première raison est que j’aimerais préparer mon filleul de14 ans à sa première communion et à sa confirmation. Ce dernier pratique un sport d’équipe et les activités entrent souvent en conflit d’horaire avec les formations données en paroisse, ce qui explique le fait qu’il n’ait pas encore reçu ces sacrements. La deuxième raison, c’est que depuis quelques mois, il est à son tour oncle d’un petit garçon et il a été sollicité pour être parrain, ce qui est impossible, s’il n’a pas reçu les sacrements de communion et de confirmation auparavant.

    Comme l’Église est « ouverture et accueil » des enfants de Dieu, je pense qu’Elle ne peut fermer les portes d’accès à une personne de bonne volonté. Chacun sait que la vie d’aujourd’hui est trépidante, les jeunes à l’école, les parents au travail, les activités des uns et celles des autres, difficile que tous les horaires coïncident alors et selon moi, l’Église se doit de s’ajuster à la vie d’aujourd’hui. Jésus lui-même s’est fait homme pour se rapprocher des enfants de Dieu et leur ouvrir les portes du Royaume… Permettre ce genre de préparation aux sacrements, c’est une manière pour l’Église de montrer son ouverture et de plus, c’est aussi une bonne façon pour une famille de s’impliquer au rayonnement de celle-ci dans le monde d’aujourd’hui.

    Merci de me répondre rapidement

    • catechesesecdq dit :

      Bonjour Madame, et merci pour cette demande, dont la réponse peut sembler simple, si on s’attend à un oui ou un non, mais dont vous découvrirez dans les lignes suivantes que, avec l’évolution de la situation socioreligieuse au Québec, ce n’est pas un domaine où les réponses sont simples.

      Je pars de votre première question:
      J’aimerais savoir s’il est possible que les parents ou la marraine d’un enfant lui donnent toutes les informations et la formation chrétienne afin qu’il ait accès à sa première communion et à sa confirmation?

      D’une telle demande, je dégage 2 dimensions: vous parlez d’une part « d’avoir accès aux sacrements » et, d’autre part, de donner « toutes les informations et la formation chrétienne ».

      Partons de cette dernière expression: « formation chrétienne ». De quoi s’agit-il?
      La « formation chrétienne », en gros, c’est « tout ce qui fait que quelqu’un sait ce que c’est que de vivre en chrétien, mais NON SEULEMENT LE SAIT, mais LE FAIT SIEN, c’est-à-dire le choisit pour lui-même parce que c’est cela qui donne sens à sa vie.

      Vous allez dire: « oui mais là on parle de la formation chrétienne d’un ENFANT… »

      Mais justement, ce qu’il faut voir, c’est que LE QUÉBEC A CHANGÉ, ce que vous savez évidemment. Or, tous ces changements ont des conséquences importantes dans plusieurs domaines, y compris dans la formation chrétienne. Le plus facile à voir, c’est le fait que maintenant il n’y ait plus du tout d’enseignement religieux à l’école. Mais ceci n,est que la dernière manifestation légale de quelque chose de bien plus global: s’il n’y a plus d’enseignement religieux, c’est parce que le Québec, à tort ou à raison (gros débat, qu’on ne fera pas dans ce courriel!), a estimé que ce n’était pas la place de l’école de faire la formation en lien avec certaines confessions religieuses en particulier. Mais de toute façon, depuis plusieurs années, ce n’était déjà plus de la catéchèse qui se faisait à l’école, et la qualité de ce qui s’y faisait variait beaucoup d’un endroit à l’autre.
      Ce qu’il faut retenir de cela, c’est que désormais, c’est à la communauté chrétienne, pour nous la paroisse catholique, que revient la responsabilité de l’ensemble de la formation chrétienne, depuis l’enfance jusqu’à la mort… La communauté peut bien sûr s’allier certaines personnes, et au premier chef les parents et les proches quand il s’agit d’enfants, mais la responsabilité première est celle de la paroisse. ÇA NE PEUT PAS ÊTRE SEULEMENT L’AFFAIRE DES PARENTS. Pourquoi? tout simplement parce qu’il y a dans la formation chrétienne DES DIMENSIONS QUI NE S’APPRENNENT PAS À LA MAISON.

      Voilà qui répond déjà pas mal à votre question de fond: je ne veux pas dire que les parents, grand-parents, parrains n’ont rien à y faire, bien au contraire: il y a tant à faire pour que quelqu’un soit formé chrétiennement qu’il faut s,aider les uns les autres: une série d’activités paroissiales sans un support dans le milieu familial donne une formation chrétienne bien artificielle; une formation chrétienne uniquement à la maison, sans jamais d’activités communautaires, de rencontre avec d’autres « petits croyants » et des responsables pastoraux donne une formation chrétienne à laquelle il manque des morceaux importants. C’est ENSEMBLE qu’il faut s’y mettre, si on croit à l’importance de cette formation.

      Mais revenons à l’autre partie de votre affirmation. Vous parlez « d’accès aux sacrements ». Voilà autre chose qui mérite quelques réflexions. Prenons une comparaison: quelqu’un fait du judo, du karaté, ou encore de la natation. Prenons le judo. On sait que cet art martial est « gradué » par des ceintures: on commence à la blanche, puis vient la jaune, etc… jusqu’à la noire. Que dirait-on de quelqu’un qui a une ceinture noire mais qui, quand on lui demande de faire des mouvements de judo, n’est pas capable de faire grand’ chose? On penserait qu’il n’a pas d’affaire à avoir sa ceinture! Car en fait, ce qui compte, est-ce d’avoir la ceinture ou d’être capable de FAIRE CE QU’EST NORMALEMENT CAPABLE DE FAIRE QUELQU’UN QUI A UNE TELLE CEINTURE? Ce que je veux dire, c’Est que le BUT, ce n’est pas d’avoir la ceinture, car cette ceinture est SYMBOLIQUE: elle REPRÉSENTE le niveau atteint par la personne qui la possède.

      Où je veux en venir? Évidemment, quand on parle de la foi, on ne parle pas de mouvements techniques de judo, c’est bien sûr plus subtil que cela. Mais voici en quoi mon exemple est utile: ce qui compte, ce n’est pas « d’avoir accès au sacrement », c’est d’avoir en soi, dans son cœur, les attitudes, les comportements, et aussi les connaissances de foi dont la participation aux sacrements est le symbole. Je sais que les sacrements ne sont pas QUE cela, mais ils sont ENTRE AUTRES cela: participer à un sacrement, c’est AFFIRMER PUBLIQUEMENT « Voici ce à quoi je crois, voici ce qui donne sens à ma vie »… En tout cas, C’EST CELA QUE ÇA DEVRAIT ÊTRE.

      Voilà qui change beaucoup, bien sûr, du modèle auquel on a été habitués, où l’école préparait de façon lointaine, par une catéchèse, et où la paroisse (en tout cas depuis 1983) faisait une préparation immédiate aux sacrements. Mais c’est vers là qu’il faut aller, si on veut continuer à faire en sorte que nos sacrements aient du sens dans la vie de l’Église catholique.

      En conséquence, si on me demande à moi, responsable diocésain de la formation chrétienne, ce que cela prend pour « avoir accès aux sacrements », je dirai toujours que la question mérite d’être posée différemment: il ne s’agit pas d’avoir accès aux sacrements, mais bien D’AVOIR EU LA CHANCE DE DÉCOUVRIR TOUTES LES FACETTES DE LA VIE CHRÉTIENNE ET D’AVOIR LE GOÛT DE LE CÉLÉBRER AVEC MES FRÈRES ET MES SŒURS DANS L’EUCHARISTIE.

      Je retiens quelque chose de très intéressant de la fin de votre message: vous évoquez la possibilité que le jeune rencontre un prêtre qui « évaluera » en quelque sorte le degré de préparation de ce jeune. En ouvrant la porte à cela, vous vous approchez sans le savoir de ce que nous souhaitons voir mis en place de plus en plus, mais pas exactement comme vous le dites. Car la « formation chrétienne » telle que je l’ai présentée NE S’ÉVALUE PAS TRÈS BIEN LORS D’UNE ENTREVUE. Car vous aurez sans doute compris qu’il ne s’agit pas seulement d’avoir appris des choses, emmagasiné des connaissances dont on est capable de parler, mais bien d’avoir intégré dans son cœur des éléments de fond de la vie chrétienne. Par exemple: comment peut-on savoir, en « jasant avec quelqu’un », s’il sait prier? Car « savoir prier », ce n’est pas « savoir réciter son Notre Père ou son Je vous salue Marie ». C’est savoir se disposer, dans un contexte particulier, entrer en dedans de soi, etc… Cela ne se constate pas dans une entrevue, mais bien à l’occasion d’une série d’activités qui comportent de façon régulière des temps de prière. Ou encore, savoir si la résurrection du Christ donne sens à la vie de quelqu’un, cela ne se révèle pas dans un questionnaire. Dans un questionnaire, on peut donner une belle définition de la résurrection, mais c’est LA VIE qui révèle à quel point la résurrection du Christ change quelque chose.

      En conséquence, ce qui est en train de s’implanter, petit à petit, ce n’est pas tant des « entrevues pour voir si un jeune est prêt », mais ce qu’on peut appeler du « discernement au fil du temps » ou, si vous préférez, une capacité pour des responsables bien formés de voir une personne, jeune ou adulte, grandir dans la foi, au fil du temps. Mais pour cela, IL Y A UNE CONDITION ESSENTIELLE: c’est que le prêtre ou le catéchète qui aura son mot à dire CONNAISSE CETTE PERSONNE (cet enfant, cet adulte), qu’il y ait une relation qui s’établisse dans la DURÉE. Voilà une autre raison pour laquelle un jeune ne peut pas être « préparé à un sacrement » seul à la maison.

      CONCLUSION
      Je conclus donc ainsi: ce dont on parle maintenant, ce n’est clairement plus d’une préparation pour un sacrement, mais d’une FORMATION CHRÉTIENNE (je reprends votre expression, fort judicieuse) globale, qui se déploie dans le temps et ne se déroule pas uniquement à des âges spécifiques en lien avec tel ou tel sacrement. Cette formation chrétienne vise toutes les facettes de la foi chrétienne et doit pour cela faire appel à plusieurs intervenants, dont les parents et les autres proches font partie, mais ceux-ci doivent travailler en complémentarité avec ceux qui offrent la catéchèse en paroisse, car ce sont toutes ces occasions qui, ensemble, font une formation chrétienne complète.

      Et quand les responsables catéchétiques de la paroisse connaîtront tel ou tel jeune et l’auront vu grandir dans sa foi, ils pourront éventuellement, au moment opportun, lui proposer une préparation plus immédiate pour vivre un sacrement, parce que la signification de ce sacrement correspondra à ce que ce jeune aura intégré de ce qui lui aura été proposé.

      Pour être honnête, je ne sais pas si c’est ce qu’on vous aurait répondu dans toutes les paroisses, mais moi, comme responsable diocésain, à votre question, c’est le genre de réponse que je dois vous donner: je sais bien que ce n’est pas là qu’on est rendus partout, mais c’est par là qu’on s’en va tous et c’est ce que mon rôle me demande d’encourager, car il n’y a aucune piste d’avenir autrement que par ce genre d’attitude où TOUT LE MONDE EST ACCUEILLI, accueilli LÀ OÙ IL EN EST, et où on lui proposera des démarches de découverte de la foi chrétienne qui correspondent à son cheminement, et où le sacrement arrivera EN TEMPS OPPORTUN POUR LUI.

      Je pense sincèrement que c’est cela, accueillir comme le Christ, lui qui a invité bien des gens à le suivre, mais qui leur disait quand même: « si tu veux me suivre, laisse tout et viens à ma suite », « prends ta croix et suis-moi », « ne regarde pas en arrière » ou « si tu me suis, sache que je n’ai même pas de pierre où reposer ma tête ». Je ne dis pas que tout doit toujours être aussi radical, bien sûr, mais je veux dire par là que LE CHRIST ÉTAIT EXIGEANT POUR QUI VOULAIT LE SUIVRE et donc que d’accueillir comme le Christ ce n’est pas laisser tomber toute forme d’exigence. Mais il ne s’agit pas alors d’exigences « pour avoir accès au sacrement », mais bien d’exigences d’authenticité de celui qui veut vraiment suivre le Christ et qui veut, par les sacrements, exprimer ce désir. Car n’est-ce pas cela que l’on fait quand, à chaque eucharistie, on ose affirmer que l’on « fait cela en mémoire de lui »: on affirme par là à Dieu qu’on est prêt à suivre le Christ même si cela peut nous coûter cher, comme cela a coûté cher à Jésus…

      Merci d’avoir pris le temps de me lire jusqu’ici… peut-être d’ailleurs que, malgré la longueur, il y a des éléments de votre lettre que je n’ai pas pris en compte. Peut-être aussi que j’ai utilisé des expressions propres à notre « jargon pastoral » et qui ne sont pas assez claires. Si c’est le cas, n’hésitez pas à revenir à la charge…

      J’attends avec impatience vos commentaires…

      Fraternellement,

      Daniel

    • catechesesecdq dit :

      Bonsoir,

      j’avoue que je suis désolé que vous qualifiiez ma réponse de « fin de non recevoir », alors que c’est exactement le contraire. C’est justement parce que l’Église est « ouverte et accueil », comme vous disiez dans le premier message, qu’elle invite les jeunes à venir participer à toutes sortes d’activités de découverte. Ma réponse était donc une INVITATION à créer un lien avec une communauté chrétienne, autrement dit avec d’autres personnes qui vivent quelque chose dans le domaine de la formation chrétienne.

      Dans cette nouvelle approche, la question de la disponibilité plus ou moins grande n’est pas un problème: chacun y va à son rythme, quand il le peut, et bénéficie de ce qui lui est offert, au rythme où ça lui convient, et quand cette démarche fait qu’il est prêt, une démarche sacramentelle lui est proposée.

      Si vous avez pris le temps de lire ma réflexion jusqu’au bout, vous avez donc vu que ce n’est pas une question de caprice, c’est que le concept « PRÉPARATION AUX SACREMENTS » est un concept qui n’a plus sa raison d’être dans notre Église. Comme il n’a plus sa raison d’être, je ne peux pas encourager une demande qui va dans ce sens. C’est un peu comme si quelqu’un me demandait si je l’encourage à utiliser la saignée comme façon de se soigner: la réponse serait bien sûr que cette méthode est désuète, qu’il faut s’en débarrasser.

      J’ai pris un exemple volontairement exagéré, car je voulais mettre clairement en évidence que l’idée de préparation à un sacrement, avec des manuels, est une façon qui ne correspond plus à la situation religieuse d’aujourd’hui. Je sais que bien des paroisses font encore cela, mais mon rôle est justement de faire changer cette mentalité qui n’est plus adaptée.

      Évidemment, tout ce que vous pouvez faire dans ce sens, vous et les proches de l’enfant en question, en vaut grandement la peine, dans la mesure où vous avez compris que ce n’est pas alors une préparation aux sacrements, mais une découverte de ce qu’est l’ensemble de la foi chrétienne. Personne ne vous empêchera – on vous y encourage au contraire – de faire découvrir à ce jeune tout ce qu’il y a de beau et de grand dans le message de Jésus, car cela fait effectivement partie de ce qui rend signifiante la célébration des sacrements.

      Mais si vous-même vivez de cette foi, vous n’êtes pas sans savoir que cette foi a une dimension commmunautaire, et donc que le jeune n’a rien à perdre, qu’il a tout à gagner à se joindre à d’autres jeunes pour découvrir avec certaines facettes de cette foi que vous-même, avec la meilleure volonté, ne pouvez pas lui faire découvrir, parce que ça ne se découvre pas à la maison, mais avec d’autres membres de la communauté.

      C’est pour cela que je dis qu’n ne prépare pas aux sacrements, on DÉCOUVRE CE QUE CELA VEUT DIRE QUE D’ÊTRE UN DISCIPLE DU CHRIST, ce qui n’est pas une affaire juste pour les adultes, mais quelque chose qui commence dès l’enfance. Or le coeur de mon explication, c’est que personne, même les meilleurs parents chrétiens, ne peut tout seul faire découvrir toutes les facettes de la foi chrétienne. La foi chrétienne est une affaire COMMUNAUTAIRE, et c’est justement parce qu’on a fini par oublier cela que l’Église d’aujourd’hui a tant de problèmes.

      La façon de faire dont je vous parlais dans le message précédent vise justement non pas à « remplir les églises », car ce n’est pas un but, mais à faire en sorte que plusieurs personnes découvrent la grandeur du message laissé par Jésus et par les premières communautés qui décidèrent de le suivre et de vivre la vie du ressuscité.

      Puisque vous citez la phrase d’Évangile « laissez venir à moi les petits enfants », je prends la balle au bond: Avez-vous remarqué que, quand Jésus dit cela, il ne célèbre pas de sacrements avec ces enfants! Il leur donne une bénédiction, tout simplement. Cela illustre effectivement que les enfants ont de la place dans la foi chrétienne, ça c’est clair. Mais on ne peut pas tirer de cette phrase l’idée qu’il ne doive pas y avoir d’exigence pour la célébration d’un sacrement. Cette phrase ne veut pas dire cela. « Laissez venir à moi les petits enfants », dit Jésus… Quelle belle invitation: pourquoi ne pas laisser vous-même cet enfant aller à Jésus avec d’autres enfants?

      J’ose penser que vous comprenez de ce message qu’il ne s’agit pas de vous décourager de former chrétiennement ce jeune à la maison. C’est le rôle des proches d’un enfant, quand ces proches sont eux-mêmes des personnes qui vivent de la foi au Christ. Mais la contrepartie est vraie: quel sens y a-t-il à proposer les sacrements sans que cela fasse partie d’un ensemble qui s’appelle la foi chrétienne, la vie chrétienne? Votre message montre clairement que cette foi chrétienne est importante pour vous, alors n’hésitez pas. Mais en même temps, je vous invite à reconnaître qu’il y a des facettes de cette foi chrétienne globale qui ne s’apprennent pas à la maison, des dimensions qui sont aussi importantes que les « connaissances » qu’on peut apprendre dans un manuel.

      Si vous êtes d’accord avec cela, vous comprendrez mon insistance à vous inviter à faire bénéficier votre jeune d’un parcours catéchétique en paroisse EN PLUS de ce que vous pouvez lui offrir comme soutien familial.

      Ce n’est SURTOUT PAS une fin de non recevoir… et j’apprécierais grandement que vous réagissiez sur ce dernier point: êtes-vous d’accord que la foi chrétienne a une dimension communautaire et donc qu’il y a des facettes de la foi chrétienne qui impliquent qu’on se retrouve avec des frères et des soeurs, dans une petite communauté? Car c’est cela le noeud de mon explication, ça et l’idée que, parce que le Québec a changé, la formation chrétienne a elle aussi changé beaucoup et donc que le concept « préparation aux sacrements » comme il y a 10, 20, 30 ans n’a plus sa raison d’être…

      Comme j’ai pris un temps important pour vous écrire deux réponses bien élaborées, vous comprendrez que j »apprécierais grandement une réaction sur le fond, pas seulement sur le fait que j’aie dit oui ou non à votre demande…

      Et j’apprécierais aussi bien sûr, mais c’est à vous de le décider, que vous transfériez aussi ce 2e message aux parents…

      Merci de l’attention portée à cette réponse,

      Daniel

  2. Une grand-mère... dit :

    Merci pour la réponse qui, si j’ai bien compris est une fin de non recevoir ou encore qui dit que si le jeune ne va pas aux rencontres paroissiales, il ne pourra jamais faire ni sa communion ni sa confirmation! Pourtant Jésus a bien dit: »Laissez venir à moi les petits enfants » et à eux, ils ne demandaient pas de tout quitter et de porter leur croix…

    Les parents recevront copie de courriel en copie conforme, je verrai ce qu’ils décideront puisque la réponse leur appartient…

    Pardonnez-moi, mais, quant à moi, je pense qu’avec les exigences de plus en plus pointues, ce n’est pas ainsi qu’on va remplir nos églises…

  3. La fille de la grand-mère... dit :

    Bonjour M. Laliberté

    Je suis la maman qui veut faire baptiser son fils. Je veux faire baptiser mon fils dans les six mois à venir. Vous savez sans doute que le choix de parrain et marraine est une lourde tâche. Encore faut-il que ceux-ci soient un exemple de la fois catholique pour l’enfant mais aussi dans la vie quotidienne. Ces personnes doivent être choisies munitieusement et en tant que parents, il faut avoir confiance en eux. Mon frère est la personne que j’ai choisie. J’ai fais quelques appels afin de m’informer sur les sacrements et on m’a dit que c’était une « formation » qui débute en septembre et qui dure un an.
    J’ai essayé de trouver une paroisse qui offre cette « formation » plus rapidement ou qui peut débuter quand on le désire de façon à ce qu’on puisse balancer avec l’horaire personnel. Voilà le pourquoi des questions posées dans le premier courriel.
    On a pensé que vous étiez la personne qui pouvait nous aider. Ce n’est pas parce que l’on veut lui offrir nous même la formation à tout prix ou qu’on ne veut pas qu’il soit avec d’autres jeunes, ou alors qu’on ne veut pas qu’il ait le point de vue de « l’Église ».
    Étant donné que je veux que ce soit mon frère le parrain et que je veux aussi faire baptiser mon enfant d’ici peu, nous voulions seulement savoir si c’était possible de trouver une paroisse avec différentes méthodes ou différents laps de temps.

    Y a t-il une solution ? Devrions-nous inscrire cet enfant à cette « formation » et faire batiser mon bébé à 2 ans ? Ou encore, devrais-je choisir quelqu’un d’autre pour être le parrain ?

    Je vous remercie d’avance de nous informer des possibilités qui s’offrent à nous afin que je puisses faire baptiser mon bébé dans un délais raisonnable et que mon frère soit parrain de celui-ci.

  4. catechesesecdq dit :

    Bonjour Madame, et merci pour ce message. Il me réjouit tout d’abord par le fait même que vous l’ayez envoyé. En effet, mes réponses aux courriels précédents se voulaient cordiales mais aussi porteuses de la nouvelle mentalité qu’on n’a pas le choix de voir s’installer progressivement ici parce que la société a changé. Que vous preniez le temps de répondre me dit que le ton que ce message a pu prendre n’a pas coupé les ponts!
    En fait, il y aurait une première chose à vérifier, et celle-là est incontournable et inévitable: votre frère a-t-il 16 ans? C’est une limite canonique « absolue », qui ne dépend pas de « mes désirs » quant à une nouvelle mentalité: un parrain doit avoir 16 ans, c’est fixé par le droit universel de l’Église catholique.
    Si cet empêchement n’existe pas, on peut continuer à se parler du fond des choses…
    Je souligne ce que vous dites relativement au choix du parrain, et je ne peux qu’être d’accord avec vous: cette personne doit être d’abord et avant tout un témoin authentique de la foi catholique. C’est pour cela que l’Église demande des personnes confirmées et assez matures (d’où le 16 ans). Malheureusement, dans la situation québécoise, « confirmé » ne signifie pas toujours « témoin auhentique de la foi catholique », et ça c’est justement dû au fait que la pratique de la confirmation s’est grandement détériorée au fil des ans et a fini par perdre son sens. Vous voyez, dans l’Église catholique, on « roule » malheureusement sur des automatismes hérités d’une autre époque.
    Mais vous, ça ne semble pas être ce que vous voulez: vous voulez un parrain qui joue le vrai rôle d’un parrain. Or dans l’état actuel des choses, il semble que votre frère ne puisse pas jouer ce rôle, puisqu’il n’est pas lui-même très avancé dans sa formation chrétienne. Personnellement, je ne pense pas qu’une formation accélérée pour régulariser la situation sur le plan « légal » ou « rituel » réglerait grand chose, car c’est le FOND qui est important. Or une formation chrétienne authentique, qui rende vraiment apte à jouer le rôle de parrain tel que souhaité par l’Église, cela ne se fait justement pas en accéléré, cela demande du temps, de l’intégration.
    L’autre élément à prendre en compte, c’est la question de l’URGENCE du baptême. Voilà une autre chose qui a changé: hormis le cas de danger de mort, il ne s’agit plus aujourd’hui de considérer qu’il faille baptiser un enfant le plus vite possible.
    Ainsi, si vous tenez à la fois à ce que ce soit votre frère qui parraine, et que ce parrain joue réellement son rôle de parrain, l’option que vous évoquez vous-même est la meilleure. Il n’y a en effet rien qui presse, tout le monde sera mieux préparé, la célébration trouvera encore plus de sens pour tout le monde, etc, etc… Vous savez, un baptême, ça n’arrive qu’une fois et ça engage pour toute la vie. Alors autant s’assurer que les conditions idéales soient réunies.
    Pour votre frère, accepter de s’intégrer dans cette démarche de formation chrétienne sera le plus beau signe qu’il vous donnera que, pour lui, être parrain n’est pas juste un titre honorifique et qu’il veut vraiment jouer ce rôle avec toute sa signification… S’il n’est pas prêt à accepter cela, cela vous dit à vous qu’il peut être un excellent oncle mais peut-être pas le meilleur choix comme parrain…
    J’espère que ces éléments de réflexions vous aident un peu. Vous voyez que je ne me situe pas du tout sur le plan des exigences, mais au contraire sur le plan du SENS de ces gestes: vous voulez « plonger votre enfant dans la mort-résurrection du Christ » et « l’intégrer à la communauté chrétienne », ce sont là les deux significations fondamentales du baptême. Et vous, comme parents, on vous demandera de faire VOTRE PROPRE PROFESSION DE FOI, autrement dit d’affirmer publiquement que vous croyez au Père, à Jésus Christ Fils de Dieu mort et ressuscité, à l’Esprit Saint, à l’Église, à la résurrection de la chair, etc… Pour que tous ces gestes et toutes ces paroles aient du sens, il est important que la préparation permette de saisir la portée de ces engagements et permette aussi de donner les assises requises pour que ces engagements puissent être tenus. Vous voyez, encore une fois, c’est du SENS dont je parle. Quand les choses sont formulées en terme d’exigences, c’est un peu gauche, mais ça veut toujours refléter l’importance d’être prêt à s’engager sur le fond.
    Bref, SENS et URGENCE font rarement bon ménage. À chacun de choisir: faire les choses vite pour « régulariser une situation », ici autant celle de votre frère que celle de votre bébé, ou encore prendre son temps et vivre les choses en se donnant le plus de chances possible d’en goûter toute la signification et toute la portée.
    Moi, avec la fonction que j’occupe, c’est le genre de réflexions que je peux vous proposer. Le reste vous appartient…
    Fraternellement,
    Daniel

  5. Eve dit :

    Je pense qu’il est possible d’être serin, mener une vie exemplaire et contribuer et à améliorer le monde sans faire partie d’une église, sans croire en un dieu. On en connait tous des exemples.
    Il est aussi possible de vivre les sacrements, d’avoir la foi, de faire partie d’une Église et de commettre des crimes. On en connait tous des exemples.
    Baptisée et endoctrinée dans la religion Catholique,j’ai été pratiquante jusqu’à ce que mes réflexions m’amènent graduellement à sortir du troupeau. Je suis maintenant à la retraite, je comprend la nécessité d’enseigner et de vivre les valeurs humaines, je comprend le besoin de l’être humain pour une forme de spiritualité, je comprend la nécessité pour certains de croire en Dieu, mais j’ai de la difficulté avec les Églises, leurs rites, leurs doctrines, leurs richesses, leurs contradictions sur le plan humain. Pouvez-vous m’éclaiter?

    • catechesesecdq dit :

      Bonjour Ève…
      Vous éclairer, je ne sais pas, je vais proposer quelques réflexions et vous « attraperez » ce qui vous va dans cela…

      Vous savez, je suis d’accord avec à peu près tout ce que vous dites dans ce message: la sérénité sans être membre d’une Église et même sans croire en Dieu, je suis convaincu comme vous que ça existe, tout comme on sait que l’inverse est vrai: des membres d’Églises ou d’autres religions dont les valeurs sont très questionnables.

      Et je trouve beau que, malgré les choix que vous avez faits personnellement, vous puissiez quand même affirmer que vous comprenez que certains aient besoin de spiritualité, de foi dans leur vie.

      Et je crois comprendre, par les expressions « endoctrinée », « troupeau »… que votre expérience de l’Église n’a pas été particulièrement réjouissante!

      Un peu plus loin, parlant des Églises, vous énumérez « rites », « doctrines », « richesse », « contradictions ». Ici, vous me permettrez de ne pas mettre sur le même pied les 2 premiers et les 2 derniers. Rites et doctrine font partie de ce qu’est toute religion, par définition. Les contradictions et la richesse, non! Cette différence est importante, tout n’est pas à « critiquer » de la même façon. Je m’explique…

      Au départ, l’existence de groupes croyants – et l’Église catholique, à l’origine, c’est essentiellement cela – est un processus humain tout à fait normal. La spiritualité, quelle qu’ne soit la forme, naît rarement toute seule dans le vide; habituellement, on devient adepte d’une spiritualité parce qu’on en a entendu parler par un ami, un personnage important, etc… Fondamentalement, l’existence de tout groupe croyant est le phénomène normal de personnes qui, constatant qu’elles voient la vie de la même façon, se mettent à en partager des aspects de plus en plus nombreux. C’est un peu comme une vie de couple: on découvre quelqu’un avec qui on a le goût de faire un bout de chemin dans la vie, et vient (pas toujours mais assez souvent) un moment où la relation prend forme d’engagement réciproque.

      En principe, l’appartenance à l’Église catholique aurait toujours dû être de cet ordre: quelqu’un entend parler de Jésus Christ, de l’Évangile, décide d’approfondir cette découverte, et finit par dire que oui, la façon dont les chrétiens parlent de la vie à cause de leur foi en Jésus Christ est quelque chose qui a bien de l’allure, et cette personne se sent en communion avec les autres qui partagent cette foi, et décide de se considérer comme membre de ce groupe. C’est ici qu’intervient la question des rites: parce que l’appartenance à un groupe, c’est nécessairement une question de reconnaissance réciproque: je peux bien me considérer comme membre d’un groupe, si les personnes qui en font déjà partie, elles, ne me reconnaissent pas, alors je ne peux pas vraiment dire que j’en fais partie. C’est pour cela qu’existent des rites: la plupart d’entre eux ont pour but de symboliser l’entrée dans le groupe (ex: baptême, confirmation) et la durée dans l’appartenance (ex: participation à l’eucharistie).

      Ce que je vous présente donc ici, c’est le processus IDÉAL, celui où une personne choisit librement d’entrer dans un groupe de croyants parce qu’elle trouve là des réponses à ses questions de vie importantes, des relations sociales et fraternelles qui la font vivre, une paix intérieure en présence des autres ou en se retrouvant dans le lieu de culte du groupe, etc… et où le groupe accueille avec joie ce choix libre, volontaire. Ça existe aujourd’hui dans l’Église catholique, oui oui!!! Ces personnes qui découvrent ainsi le Christ dans une démarche adulte et volontaire s’appellent des catéchumènes (j’arrête ici mes grands termes techniques).

      Quant aux doctrines, je pense qu’il est normal qu’elles existent, parce que ce sont elles qui définissent le groupe! Un fan club des Canadiens se définit par son amour du hockey et de l’Équipe de Montréal; un membre de l’Ordre des dentistes se définit par sa compétence à soigner les dents; comment se définit l’appartenance à un groupe de croyants? Évidemment, en se référant à ce à quoi croient ces personnes. C’est ce qu’on appelle parfois le credo, parfois les doctrines, parfois les dogmes, peu importe le mot, cela désigne l’ensemble des idées de nature religieuse auxquelles les membres de ce groupe donnent leur adhésion, parce que ces personnes trouvent que ces affirmations constituent justement des réponses satisfaisantes à leurs questions existentielles.

      Autrement dit, un chrétien ne se définit pas D’ABORD par des valeurs, mais par une adhésion à Jésus Christ mort et ressuscité. Quelqu’un qui se dit chrétien mais pour qui Jésus ne veut rien dire, qui ne connaît pratiquement pas les évangiles, porte ce nom de chrétien aussi faussement que quelqu’un qui affiche un diplôme de médecin dans un bureau sans avoir étudié la médecine! Et si on revient aux rites, vous aurez compris que les rites de l’Église catholique ont toute leur raison d’être POUR EXPRIMER L’APPARTENANCE À L’ÉGLISE, et qu’ils n’ont donc pas leur raison d’être quand ils sont utilisés par ou pour des personnes pour qui Jésus Christ ne veut rien dire.

      Je sais très bien que l’histoire de l’Église, l’histoire universelle comme l’histoire de l’Église québécoise, a créé au fil du temps des pratiques assez éloignées de ce que je viens de décrire, des situations qui ont mené à ce que vous avez personnellement vécu comme un endoctrinement, l’insertion involontaire dans un « troupeau ». Ça n’aurait pas dû être! Je ne pense pas qu’il faille interdire le baptême des petits enfants, mais je pense par contre que ce geste devrait être posé avec des parents pour qui la foi en Jésus Christ est tellement importante qu’ils ne voient pas comment ils pourraient ne pas la vouloir pour leur enfant. Je ne parle pas ici de « valeurs », car comme vous le dites vous-même, des tas de gens ont des valeurs excellentes sans foi. je le répète, l’identité de chrétien n’est pas d’abord une question de valeurs, mais bien une question d’être en lien avec le Dieu de Jésus Christ et que cela donne sens à la vie. Les valeurs dites « chrétiennes » (qui ne sont d’ailleurs pas propres aux chrétiens) découlent de ce choix, mais c’est l’option pour le Christ qui est première.

      Vu comme cela, il me semble que les rites n’ont rien de péjoratif, ils sint l’expression symbolique de ce à quoi croient les gens qui appartiennent au groupe-Église. Et même le mot « doctrine » devient très acceptable: appartenir à un groupe de nature religeuse, cela suppose d’adhérer à un ensemble d’énoncés propres à ce groupe, à la FOI de ce groupe, donc à sa doctrine.

      Enfin, les richesses… ah la la, les richesses! Si vous saviez dans quel état sont les finances de nos paroisses, du diocèse, etc… OK direz-vous, mais Rome! Mais les richesses de Rome, elles sont dans des tableaux, sur des murs, dans des vases sacrés hérités du passé… Les coffres, eux, sont loin de déborder de devises… Bon, je ne veux pas défendre cela à tout prix, je veux juste dire que souvent, quand on parle des richesses de l’Église, on le dit vite, sans trop savoir… Actuellement, la grande partie de l’argent dont dispose l’Église, dans les paroisses ou dans les Services diocésains, sert à se donner des moyens pour proposer la foi, faire découvrir l’Évangile, etc… ou encore à réparer des toitures d’églises, souvent en « mangeant le capital »… Les richesses de l’Église, c’est bien relatif… Mais de toute façon, l’essentiel de ce que je vous propose comme réflexion n’est pas là. Sauf que je comprends que ça puisse être un aspect rebutant.

      Moi personnellement, ce n’est vraiment pas là que j’ai vécu ce qui m’a fait opter pour la foi chrétienne. J’ai cheminé avec des personnes de mon âge, désireuses comme moi de mieux connaître Jésus Christ, on a vécu des projets ensemble, de la musique, des actions caritatives, etc… on se voyait régulièrement et on s’aimait les uns les autres. J’en parle au passé parce que la vie m’a conduit à devoir quitter ces frères et ces soeurs, mais vous voyez sûrement que ça a été déterminant dans mon cheminement de foi. Ça, pour moi, c’est l’Église: des frères et des soeurs, une foi, un désir de l’annoncer, etc…

      Bien sûr, il y aura toujours des contradictions, et c’est vrai que plus l’institution est grosse, plus les contradictions finissent par faire écran au message essentiel… Mais ce qui compte, en tout cas pour moi, c’est que des personnes entendent parler par d’autres à quel point être en relation avec ce Dieu donne à la vie une dimension tellement belle, grande, positive, qu’elles souhaitent approfondir toujours davantage cette relation, et reconnaissent qu’elles ont besoin les uns des autres pour s’aider dans cette démarche, tout simplement parce que, quand on croit très fort en quelque chose, quand c’est pour nous une Bonne Nouvelle, on ne la garde pas pour soi, on la partage…

      J’ai été long… j’espère avoir placé quelques lumières… N’hésitez pas à réagir…

      Daniel

  6. Eve B dit :

    Merci d’avoir généreusement répondu à mon message. Mais je me questionne toujours.
    Agir comme le Christ aurait agit, c’est ce que font la majorité des êtres humains, même si souvent on a des manquements. Être croyant et vivre en relation avec le Christ donne une satisfaction personnelle, d’accord avec vous. Mais sur une échelle plus grande, en quoi les catholiques par exemple se distinguent-ils, en quoi sont-ils meilleurs humains que d’autres?

    • catechesesecdq dit :

      Les chrétiens ne prétendent surtout pas, loin de là, qu’ils sont meilleurs que d’autres!
      J’aborderais votre commentaire sous deux angles complémentaires (eh oui, je ne réonds jamais simplement, que voulez-vous, je suis fait de même!!!).

      D’une part, la dimension historique et éthique:
      Les premières générations de chrétiens vivaient dans un monde païen, c’est-à-dire un monde où les gens étaient marqués par une façon de voir le monde très différente de celle du christianisme, avec des valeurs souvent assez différentes. Un exemple: alors que les païens de l’époque abandonnaient assez fréquemment leurs enfants handicapés où qu’ils n’avaient pas les moyens de faire vivre, il était devenu notoire que les chrétiens, eux, n’abandonnaient JAMAIS leurs enfants. C’est un exemple pour montrer que les choix éthiques des chrétiens de l’époque se distinguaient des citoyens environnants. La phrase de Jésus: « C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres qu’on verra que vous êtes mes disciples » (Jn 13,35) prend ici tout son sens: les chrétiens ne vivaient pas comme les gens autour, et ça paraissait, spécialement dans la façon dont ils avaient le souci fraternel les uns des autres.
      Nous sommes en 2010, dans une société québécoise qui, quoi qu’on en dise, a été pétrie des valeurs chrétiennes. En conséquence, aujourd’hui, le « voyez comme ils s’aiment » de l’époque n’est plus aussi apparent: la société québécoise fonctinne fondamentalement sur de bonnes valeurs, de sorte que l’on comprend bien quand vous dites: « en quoi les catholiques se distinguent-ils? » En gros, ils ne se distinguent pas comme individus. Une bonne infirmière catholique ouo une bonne infirmière non-croyante fera son travail à peu près de la même façon, sans que la catholique se démarque.
      Je pense cependant que notre société a des difficultés depuis toujours à prendre soin de ses plus démunis, et je pense aussi que la foi chrétienne devrait normalement inciter à avoir cette sollicitude. En conséquence, je pense que les communautés chrétiennes devraient mettre sur pied beaucoup plus de projets caritatifs, pour venir en aide aux plus nécessiteux. De cette façon, peut-être que ça paraîtrait que « quand des chrétiens s’en occupent, c’est pas pareil! » J’ai connu par exemple un hopital au Portugal qui était pris en charge par des laïcs franciscains (des disciples de François d’Assise). Dans cette région, c’était connu que l’on n’était pas accueilli dans cet hopital de la même façon que dans un hopital d’état. Les soins proprement dits étaient les mêmes, mais il y avait tout un environnement de tendresse et de respect qui rayonnait.
      je ne dis pas que les chrétiens doivent reprendre les hopitaux comme les soeurs de jadis. Ce n’est qu’un exemple pour expliquer que, si individuellement les chrétiens ne se démarquent pas, ensemble ils seraient davantage fidèles à l’esprit de l’Évangile s’ils mettaient sur pied des projets qui contribueraient à transformer le monde. Et là, il y aurait une différence.

      ATTENTION: il ne s’agit pas de considérer que les chrétiens sont meilleurs que d’autres. Ce n’est pas à nous de juger de cela. Cependant, il y a en principe des choix éthiques et des manières de vivre qui sont davantage cohérentes avec l’Évangile: refuser tout travail au noir, voter pour des partis politiques qui promeuvent la dignité humaine et l’élimination de la pauvreté, vivre de façon la plus écologique possible… pour n’en donner que quelques exemples. Tous ces choix sont marqués par l’amour le plus authentique et le plus large possible… Est-ce « meilleur »? À vous de le dire…

      D’autre part, la dimension théologale (ou spirituelle):
      Les chrétiens ne prétendent pas être meilleurs que les autres. Ils prétendent cependant qu’ils sont porteurs d’une Bonne Nouvelle, une Bonne Nouvelle qui est destinée à tout être humain. Ils ne se considèrent donc pas meilleurs, mais en quelque sorte différents, au sens où ils se disent qu’ils ont simplement eu la chance d’être éveillés à cette Bonne Nouvelle. Les chrétiens (en tout casles catholiques) ne pensent pas qu’ils doivent « sauver le monde », mais qu’ils ont à aider leurs frères et soeurs à reconnaître qu’ils sont dans le coeur de Dieu (je pourrais dire cela dde toutes sortes de façon, l’idée étant que Dieu aime tout le monde et que c’est un avantage de le savoir…).

      Mais, je le répète, les chrétiens ne se pensent pas meilleurs que les autres!!!

      Fraternellement,

      Daniel

  7. Eve B dit :

    Je suis toujours en réflexion ….
    Eve B

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